On pourrait presque parler d' un pélerinage, car c'est la troisième année consécutive que le groupe jeune organise une sortie au Bourget du Lac en période de migration postnuptiale. Nous étions neuf au rendez-vous, pour arpenter cette rive sud du lac du Bourget, à la recherche des voyageurs au long court et autres nicheurs attardés.
Un joli groupe d'étourneaux sansonnets quittant leur dortoir nous saluent de bon matin, alors que le cri incisif de la Bouscarle de cetti retenti près du parking. Le soleil est au rendez-vous, mais « la Bise » se lève peu après notre arrivée. Ce vent nous handicapera pour la recherche des passereaux (pour la plupart bien camouflés dans les buissons). Nous commençons par prospecter le secteur de la plage des Mottets où un Pic vert se nourrit au sol en compagnie de quelques Bergeronnettes grises. Les lapins de garenne s'éclipsent dans les buissons pendant que les Canards chipeaux barbotent dans un étang en compagnie des Canards colverts. Fuligules milouns et morillons son déjà présents sur le lac alors que les premiers groupes de Foulques macroules s'étoffent, annonçant la mauvaise saison. Grands cormorans et laridés sont déjà en pêche au large. En effet, Mouettes rieuses et Goélands leucophées se disputent dans les vagues. Trois hirondelles rustiques en migration planent un instant dans le secteur. Quelques mésanges et grimpereaux des jardins plus loin et nous voila survolés rapidement par un Faucon pèlerin sans doute attiré par la profusion de proies potentielles. Dominique nous « trouve » un jeune Faucon hobereau qui se réveille tranquillement dans un arbre. Il se laissera nonchalamment photographier alors que les premiers rayons du soleil le réchauffent. Canard souchet, Sarcelles d'hiver, Harles bièvres et Nettes rousses complèterons les observations sur cette plage.
La prospection des buissons près de l'étang habituellement si propices aux petits migrateurs s'avèrera décevante. La flèche bleu azur du martin-pêcheur nous raccompagnera quand même jusqu'aux voitures.
Nous nous rendons ensuite à l'observatoire des Aigrettes, pour constater que l'étang est vide d'eau, mais non pas d'oiseaux. En effet, contrairement à ce que nous a dit un promeneur, il y a de la vie sur cet étang... Pour notre grand plaisir, ce ne sont pas moins de quatre faucons hobereaux qui virevolteront devant nous pendant près d'une heure et demi. Ils sont à la chasse aux libellules, planés, ressources, piqués, se succèdent. Le ballet des petits rapaces met à rude épreuve les nerfs de deux de nos photographes en herbe. La Bécassine des marais blottie aux pieds des phragmites sera le seul limicole observé ce jour. Les Hérons cendrés profitent des dernières flaques d'eau pour se nourrir de poissons en compagnie de deux Grèbes castagneux. Une Grande Aigrette se laissera aussi rapidement observée. Petite pause casse-croûte au soleil dans le château de Thomas II, jouxtant l'observatoire, journée du patrimoine oblige. Nous repartons rapidement pour le bras de délestage de la Leysse. Force est de constater que les milieux où chantaient et nichaient encore l'an dernier le Bruant proyer, l'Hypolaïs polyglotte, la Pie-grièche écorcheur ont disparu. Le comble, c'est qu'il s'agit d'une usine développant les énergies renouvelables (panneaux solaires) qui recouvre désormais en partie cette magnifique zone de friche... Linottes mélodieuses, Faucons crécerelles, s'alimentent encore sur ce site enclavé par l'aéroport. Quelques petits insectivores (Traquets motteux, Tariers des prés, Rougequeue noir en halte migratoire « s'accommodent » de la profusion d'insectes ( papillons, libellules, orthoptères...). Un Pipit des arbres se cache dans les buissons bas. Nous profitons encore des journées du patrimoine pour accéder à l'observatoire de Buttet, (généralement fermé au public) et découvrir une jolie remise de canards. Dominique nous met la pression en arrivant, trois « nyrocas » sont dans le coin. Les trois fuligules « aux fesses blanches » nous donnerons du fil à retordre, mais nous finirons par les retrouver. Il y a « du monde » sur l'ilôt, Nettes rousses, fuligules, colverts au premier plan et à l'arrière, les Hérons cendrés qui se sèchent. Les Sarcelles d'hiver et d'été paraissent fades quand passe le Tadorne casarca du coin. Les Grèbes huppés font une sieste dans les nénuphars. Les pieux sont occupés par les Grands cormorans et les Goélands leucophés, tous affairés à lustrer leur plumage après la pêche. Tout est paisible et le spectacle se déroule devant nous. Soudain, tout s'enchaîne et l'excitation gagne notre tour de guet. D'abord une Hermine « nageuse » pointe son museau au pied de l'observatoire et se laisse bien observée puis coup sur coup ce sont le Blongios nain et le Martin-pêcheur qui mettrons de l'animation en cette fin d'après midi.
Cette journée aura été l'occasion de rencontres, d'échanges entre copains passionnés et néophytes. Ce site propice à l'éducation à l'environnement accueille de plus en plus d'espèces nicheuses, outre les canards, rapaces, passereaux, la présence de sept espèces d'ardéidés (hérons) en période de reproduction en fait un site majeur sur les deux Savoies. Même si les effectifs de certaines espèces sont encore faibles, l'année 2010 a été marquée par la reproduction d'une espèce remarquable : le Crabier chevelu. Le cortège d'oiseaux profitant de cette zone (pour hiverner ou simplement comme halte migratoire) est de plus en plus grand. Tout ceci en fait un terrible terrain de jeux, d'explorations, de découvertes, d'apprentissages pour les plus jeunes d'entre nous. Le travail remarquable entrepris par l'homme pour préserver cette zone porte ses fruits et nous vous invitons tous à vous y rendre. Une chose est sure, vous vous évaderez...