Neige, plafond bas, routes glissantes, nous étions quand même huit à partir à l'aventure ce dimanche 10 janvier 2010 pour un des points chauds de l'ornithologie suisse.
Motivés, la météo suisse annonçait une nette amélioration pour la journée.
Premier site reconnu d'importance internationale par la confédération, ce site Ramsar est situé à l'extrémité orientale du lac de Neuchatel. Ces deux réserves se jouxtent et couvrent une superficie de 1130 hectares. Elles sont séparées par le canal de la Broye.
Composées d'une mosaîque de milieux, les réserves du Fanel et de Cudrefin, offrent une zone de quiétude, d'hivernage, de halte migratoire et de reproduction à un cortège d'oiseaux. La liste est longue. Roselières, ilots, bancs de sable, forêts alluviales, prairies, haies, rien ne manquent pour séduire la gente ailée hivernante que nous sommes venus observer.
Après une boisson chaude sur le parking du centre nature ASPO de la Sauge, nous voilà en action. Nous progressons lentement, dans une ambiance polaire, le long des 1.5km de digue qui longe le canal et abouti au lac.
Quelques passereaux pour l'échauffement, égaient la ballade (tarins des aulnes, mésanges et rouge-gorge, pic épeiche). Rien ne passe, sans être déterminé, tout le monde sait qu'ici tout est possible... Les discussions vont bon train alors que les premiers canards chipeaux, fuligules morillons se laissent observer.
Un renard au poil touffu joue à cache-cache avec nous de l'autre côté du canal, pas vraiment inquiété par notre présence, il sait peut-être que dans cet endroit, il n'a rien à craindre de l'homme.
Un arrêt à l'observatoire donnant sur la prairie paturée par des vaches Highlands près d'une grande roselière, nous permet de contempler une buse variable posée. Le site est magnifique avec quelques arbres morts. Pour preuve, au même endroit sur le chemin du retour, une femelle de Busard-Saint-Martin en chasse louvoiera au dessus des herbes hautes et laissera voir sa belle tache caudale blanche alors que le milan royal, que nous avons vu arrivé depuis le lac, se postera à l'affut sur un grand arbre surplombant. Cette année, malheureusement deux absents, l'individu hivernant de pie-grièche grise et le pic cendré nicheur sur cette réserve. Un courlis cendré et quelques oies stationnent sur les ilots du Fanel. Une grande aigrette mimétique sur fond blanc se repose encore. Un pipit spioncelle s'envole en criant à notre passage.
Confiants, nous avançons encore sur cette longue ligne blanche que forme la digue enneigée pour enfin atteindre le lac et ses grèves propices au stationnement et au nourrissage des oiseaux d'eau. Ils sont bien là, malgrè la glace qui emprisonne les rives. Oies cendrées, canards pilets, siffleurs, colverts, cotoient les sarcelles d'hiver et un tadorne de Belon. Les hivernants nordiques sont bien présents, cygnes chanteurs au large et harles piettes naviguent parmi les canards de surface. Ceci, pendant que trois macreuses brunes pêchent des écrevisses dans l'embouchure près d'une bande de garrots à oeil d'or. Les piscivores ne sont pas en reste avec les grèbes huppés, harles bièvres qui concurrencent les deux plongeons catmarins venus de contrées lointaines. Un petit bécasseau variable cherche un reposoir, faute de mieux, il finira par se poser sur un piquet perdu au milieu de la glace.
Le retour aux voitures pour un pique-nique (calorique et bien mérité) est sonné par les cris des oies cendrées en vol. Le froid, ça creuse...
Rassasiés et un peu réchauffés, nous repartons en ballade pour le Fanel sous les yeux d'un faucon crecerelle qui semble intéressé par les moineaux domestiques et friquets qui « alarment » en sa présence.
La glace empêchant les oiseaux de stationner et de se nourrir dans les canaux du Fanel, peu d'oiseaux seront notés sur ce site. Cependant, la beauté de ces immenses roselières bordées de canaux, nous laissent rêveurs. Nous, qui ne voyons que des vestiges de roselières sur les lacs d'Annecy et du Léman, elles sont ici à perte de vue. Bruants des roseaux, cygnes chanteurs, râle d'eau, busard Saint-Martin, grande aigrette, grands cormorans et quelques goelands leucophés sont encore de la partie. Un vol d'environs 80 courlis cendrés passera au dessus de nous sur le chemin du retour.
Vers 16h00, arrivés aux voitures, nous décidons pour terminer, d'aller prospecter un ou deux ports, pour passer en revue les dortoirs de laridés.
Quelques mouettes rieuses, goélands cendrés et leucophées ainsi qu'une jolie remise de canard composée de fuligules morillons, milouins et de nettes rousses s'abritent dans ces sites.
Alors que le soleil s'enflamme, une nuée de corvidés s'envolent en alarmant des arbres de la colline surplombant Portalban.Tous à nos jumelles, nous cherchons le prédateur crépusculaire causant cette panique dans ce dortoir. Xavier trouve le responsable, au moment ou celui-ci se saisit d'un corvidé au dessus du lac, c'est un autour des palombes. Malheureusement pour lui, sa proie arrive à s'échapper de ses serres. De poursuivant, l'autour se retrouve poursuivi par sa proie épaulée rapidement par plusieurs de ses congènères. Reconduit, il finira par se poser non loin sur un arbre.
C'est sur ce dernier spectacle d'une nature surprenante que nous regagnons la Haute-Savoie avec le sentiment d'avoir vécut ensemble, « un moment privilégié ».
Espèces observées dont les plus remarquables: cygne chanteur, harle piette, plongeon catmarin, macreuse brune, busard saint-Martin, canard pilet, courlis cendré, oie cendrée, milan royal, grande aigrette, tadorne de Belon, bécasseau variable.)
+ D'INFOS:
Réserve naturelle Grande Cariçaie www.grande-caricaie.ch/spip/spip.php?rubrique24
www.Ornitho.ch