Propriété du Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres, le Domaine de Guidou, d'une superficie de 80 hectares, fait l’objet de toutes les attentions. Sa gestion a été confiée à l’Association de Gestion du Domaine de Guidou. Cette dernière a missioné la LPO Haute-Savoie et l'ONF pour assurer la mise en oeuvre et le suivi des travaux d’entretien et d’aménagement, avec l'aide des services de la Mairie de Sciez, contribuer aux actions de sensibilisation et d’éducation à l’environnement, notamment auprès des scolaires de la commune, et enfin assurer une mission de garderie.
Le site de Guidou constitue l'un des "hotspot" de biodiversité de l'arc lémanique :
- 500 espèces de plantes
- 65 espèces d'oiseaux nicheurs (+ de nombreux migrateurs en halte)
- 14 espèces de chauves souris
- 22 espèces d'odonates (libellules, demoiselles)
- 46 espèces de papillons diurnes
- 22 espèces d'orthoptères (sauterelles, criquets, grillons)
- l'une des 3 stations de Crapaud calamite (Bufo calamita) de Haute-Savoie
- une grande diversité de milieux secs et humides
Mise en œuvre et suivi du plan de gestion :
Les travaux d’entretien
les secteurs cultivés sont loués à des exploitants agricoles de la commune qui les explpitent selon un cahier des charges strict. Entre autres mesures, la limitation des intrants (fertilisants et herbicides/pesticides) ou l’interdiction du maïs, ont pour objectif de préserver la flore messicole. Cette dernière rassemble toutes ces plantes compagnes des cultures qui disparaissent petit à petit, du fait de l’utilisation d’herbicides, comme par exemple le coquelicot ou le bleuet. Au delà de ces deux plantes plusieurs espèces beaucoup plus rares sont présentes sur le Domaine et les mesures mises en place visent à les conserver ;
la prairie inondable de la Grande Corne a été louée à un exploitant pour qu’un pâturage équin soit pratiqué. Les principaux enjeux de conservation sur ce secteur étant faunistiques, le pâturage présente l’avantage par rapport à la fauche d’offrir une multiplicité de strates de végétation très favorables aux insectes et notamment à la reproduction des papillons et libellules. Les mini-ornières humides, fruit du piétinement, sont autant de micro-refuges pour les jeunes amphibiens ;
la fauche du secteur des Bâches est quant à elle confiée à un exploitant. Pourquoi une fauche et pas du pâturage ? Contrairement à la Grande Corne, la prairie des Bâches présente un intérêt botanique extrêmement fort, avec notamment la présence d’orchidées rares en Haute-Savoie voire, pour certaines, rares en France. Ces orchidées sont aussi jolies qu’exigeantes ! Elles ne supportent ni le piétinement, ni les sols riches, or le pâturage présente ce double inconvénient : en plus du piétinement, les déjections animales enrichissent le sol de manière non négligeable et le rendent donc moins propice au développement des orchidées ;
les secteurs boisés ; le choix retenu par le Conservatoire pour ses secteurs est de laisser faire. « Facilité » diront certains, « laissé à l’abandon », « mal entretenu », « sale » etc. diront d’autres. Eh bien, nous rejetons en bloc tous ces qualificatifs qui sont plus culturels qu’autre chose. Notre vision d’un bois « propre » et « sain » va souvent à l’encontre de celle d’un bois « vivant ». Les arbres morts à terre ou sur pied recèlent une profusion de vie. De l’insecte xylophage au Pic vert, du champignon microscopique à l’arbre qui prendra la place de celui arrivé en fin de vie, le bois mort est une ressource indispensable au bon équilibre d’un milieu forestier et à sa diversification.
Enfin, notons le fort investissement de la mairie qui assure notamment l’entretien des fossés et des sentiers, ainsi que celui des secteurs envahis par le solidage.
Les travaux d’aménagement
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Aménagement de la prairie de la Grande Corne
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Amélioration de l'accueil du public
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Les chantiers bénévoles de la LPO Haute-Savoie
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Plantation de fruitiers haute-tige de variété ancienne
Observatoire et passerelle construit en 2014 (SYMASOL, Natura 2000, Conservatoire du littoral)
Chantier de plantation d'arbres fruitiers haut-tige (LPO Haute-Savoie, Association de gestion, novembre 2014)
Education à l’Environnement :
Deux journées grand-public ainsi que des interventions auprès des scolaires sont organisées chaque printemps dans le cadre de l’opération Tête en l’Air. A ceci s’ajoutent des sorties ponctuelles.
Garderie :
La LPO Haute-Savoie a enfin une mission de garderie. En effet comme tout espace géré et protégé, le Domaine de Guidou bénéficie d’une réglementation particulière.
Il est donc interdit :
- de circuler avec des véhicules motorisés (sauf les exploitants agricoles)
- de déposer des ordures
- de faire du feu
- de camper
- de cueillir, collecter ou détruire les végétaux et animaux quels qu'ils soient.
Enfin, les chiens doivent être tenus en laisse. Il faut savoir que ceux-ci sont instinctivement chasseurs. Du bichon au dogue allemand, en passant par l’épagneul et autre terrier, tous sont concernés, même si cet instinct est plus ou moins développé. Il nous est impossible de faire une distinction entre les « bons » et les « mauvais ». Les chiens qui divaguent sont une source de perturbations pour la faune, notamment les oiseaux. Même s'il est exceptionnel qu’un chien en capture un et le tue directement (cela est pourtant déjà arrivé sur le domaine), le simple fait que les oiseaux qui font étape soient contraints de s’envoler est très préjudiciable pour leur survie. Ces derniers sont en effet pour la plupart des oiseaux migrateurs qui fréquentent le Domaine et en particulier la prairie humide de la Grande Corne lors d’une halte. Ils ont besoin pour poursuivre leur long voyage de calme et de nourriture. Lorsqu’ils sont perturbés sur les sites où ils s’arrêtent, ils se reposent moins, s’alimentent moins et repartent dans de mauvaises conditions. Cette remarque vaut également pour la partie lacustre du Domaine de Coudrée qui accueille chaque printemps, lorsque les îlots de sables apparaissent, de nombreuses espèces d’oiseaux d’eau en halte migratoire. Promeneurs à pied, à vélo, à cheval, en scooter, avec ou sans chiens, baigneurs, véliplanchistes, pêcheurs et la liste est encore longue, ne laissent aucun répit à ces oiseaux migrateurs qui souffrent déjà tellement de la disparition des zones humides partout en Europe.
Partenaires :
Association de Gestion du Domaine de Guidou
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